20/12/2019

_Combat du 16 décembre 1947


Combat du 16 décembre 1947
Source : GALLICA
Tandis que j'errais sur Gallica, je trouvai cette trace de la première exposition d'art dit "brut" à la Galerie René Drouin, dans Le combat du 16 décembre 1947. 

L'article est signé René Guilly. Jean Dubuffet n'est pas mentionné, Michel Tapié l'est en tant que contrebassiste de cabaret plutôt que comme critique d'art, et en passant, la liste des métiers exercés par le peintre Miguel Hernandez auquel sera consacrée l'exposition de 1948, est ici plus précise que de coutume :
< épicier au Brésil, libraire à Madrid, [...] actuellement coiffeur à Belleville >


L'argument principal que l'article prétend à l'exposition est que l'art "primitif" n'est pas réservé aux peuples dits "primitifs" :

< Aujourd'hui, un grand nombre d'Européens, apparemment normaux, s'adonnent en toute ingénuité à la création d'objets dignes d'artistes papous ou canaques. Il existe donc en France des bonnes à tout faire, des employés des Pompes funèbres ou des industriels sérieux qui se retirent chez eux le soir pour modeler des statuettes magiques, exécuter de petits tapis brodés à signification cabalistique ou peindre des scènes allégoriques. >
S'il n'y est pas du tout question d'"art des fous" ou d'"art des aliénés", c'est aussi qu'aucun objet issu des collections asilaires n'était présenté lors de cette exposition. C'est une chose sur laquelle on insiste peu : non seulement l'art brut n'est pas l'autre nom de l'"art des fous" (bien qu'il puisse servir à re-qualifier des œuvres de dits "fous") mais de surcroît, les premiers évènements publics relatifs à l'art brut mettaient en avant des travaux d'anonymes provinciaux excentriques plutôt que de fous. Dans son récent ouvrage intitulé Jean Dubuffet et la besogne de l'art brut, Baptiste Brun remarque que la plupart des généalogies de l'art brut font de ce dernier un prolongement de l'histoire de la reconnaissance de l'art asilaire : de fait, les autres "origines" de l'art brut, que sont la découverte des médiumniques et celle des Arts et Traditions Populaires, sont moins bien connues.

Cette première exposition d'art brut faisait lumière sur ces deux auteurs : Xavier Parguey (vigneron dans le Doubs), et Henri Salingardes (aubergiste et brocanteur dans le Tarn).

  • HENRI SALINGARDES (1876-1948)

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1. Portrait d'Henri Salingardes - Archives de la Collection de l'Art Brut.
2. Sans titre - v. 1936 - 1943 - ciment - 24,5 x 21,5 x 3 cm
3. Sans titre - v. 1936 et 1943 - moulage de ciment peint - 8 x 8 cm

  • XAVIER PARGUEY (1872-1947)

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1. Portrait de Xavier Parguey - Archives de la Collection de l'art brut.
2. et 3. Maillet et Fendoir, parmi les 15 œuvres de Xavier Parguey conservées au Mucem.

Il semble, à en croire l'entrefilet de 1947, que Xavier Parguey avait aussi confectionné un "objet phallique". J'en trouve peu de trace - en dehors, peut-être, de cette photographie de Simon Halder prise à l'occasion de l'exposition Jean Dubuffets art brut ! die anfänge seiner Sammlung à Gugging, en 2017.


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