Porte de Montmartre - 2020 |
Le·a passant·e distrait·e remarquera aussi huit images collées sur les piliers du pont.
Au regard de cet espace et des usages qui en sont faits, la forme ronde de ces collages, et leur répartition équilibrée de part et d'autre de la voie centrale, sont très évocatrices. Ils ressemblent au hublots d'un vaisseau - on le dirait spontanément plutôt marin qu'aérien, puisque l'on se trouve sous le périphérique de Paris. Sans nier la fonction initiale de cette structure urbanistique - la traversée des frontières de Paris - voilà qui re-qualifie ces lieux, où l'on divague sans avoir toujours l'air de circuler : sur le marché des biffins, on s'arrête, on attend, on regarde, on échange, on se raconte des choses.
Quant à ce que l'on voit dans ces cercles : il s'agit de saynètes maquettées à partir de silhouettes et décors, probablement issus de sources extérieures et remployés à cette fin. Chaque univers, très bigarré, est composé d'éléments éclectiques, plus ou moins familiers et/ou stéréotypés (jouets, animaux, accessoires folkloriques...), ce qui ne manque pas de renvoyer, comme en miroir, à l'activité des chiffonniers réunis aux alentours pour présenter le fruit de leur ramassage dans Paris.
En raison de la disposition des saynètes à la suite les unes des autres, une impression de récit me gagne et ce bien que je ne le comprenne pas. Par sa structuration apparente (épisodes, épreuves successives...) comme par les thèmes que j'y repère (le voyage et la mer, en particulier...), ce récit s'apparenterait volontiers au genre de l'épopée. La question était-elle de fixer sur un support ce récit épique élaboré collectivement, à l'oral (c'est ainsi que naissent les épopées) ? Cette épopée-là présenterait un caractère incertain, décousu, balbutié, précaire : une épopée en train de se faire, de se dire, plutôt qu'une épopée dite. Mais son châssis se devine bien.
POST-SCRIPTUM :
MAMELI Federica, dans l'Aquarius - 2018 |
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